vendredi 17 mars 2017

LA BOÎTE À CHAUSSURES EN CARTON

LES LETTRES DE LA NUIT
[revisitèes]
-8-

J'ai le souvenir d'une boîte à chaussures en carton, à l'intérieur une photo de maman. Elle ressemble alors à une actrice de cinéma estampillée Hollywood des années cinquante, avec une immense, fort élégante robe à larges fleurs multicolores. Elle m'emmène acheter des chaussures neuves comme à chaque année pour la rentrée des classes. Au milieu du magasin, il y a sur de gigantesques ressorts deux chevaux de bois, de ducasse. J'attends impatient l'instant magique de pouvoir grimper sur l'un des deux, puis enfin dans un muet-hennissement-hurlant de joie, nous accomplissons, le cheval et moi, un saut vertigineux, dans un balancement nous pourfendons alors l'immobilité. Suis-je déjà chevalier bleu d'Icelle en quête de l'Excalibur et du Graal de La Grande Picardie Mentale ? Ivar Ch'Vavar me fait-il, au travers des brumes grises picardes, des signes de ralliement du haut du phare de Berck ?

Autre je, vieille carte du jadis, ancien je téléphonique. Autre forfait, jeu te parle mais ne peux contrôler le compte des unités, je peux entendre ta voix. Autres unités de compte, déjà, à décompter du je de mon abonnement. Une absence...
...absence.
Désirer réellement te parler... Je n'ai... éphémère.... que le son de ta voix. Et une petite photo du format de celles pour les cartes d'identité... Autres 'je' téléphoniques et informatiques. Langages à s'inventer. Absence pareille à l'ultime certitude du canari : 'le japon est encore bien loin'. Il n'y a pas de vaisselle sans eau ! Pas d'eau sans Amour ! Pas d'Amour sans pain. Tiens ! À propos d'eau et de vaisselle : Etan la la la lave exclusivement ses vaisselles au jus de fruit. Il ne se nourrit pas encore uniquement... d'eau de vaisselle, mais il y pensait de plus en plus souvent. Puis, je désire la célébration translucide de nos mains sur la conjugaison-blues de nos peaux.

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