LES
LETTRES DE LA NUIT
[revisitèes]
-8-
J'ai
le souvenir d'une boîte à chaussures en carton, à l'intérieur une
photo de maman. Elle ressemble alors à une actrice de cinéma
estampillée Hollywood des années cinquante, avec une immense, fort
élégante robe à larges fleurs multicolores. Elle m'emmène acheter
des chaussures neuves comme à chaque année pour la rentrée des
classes. Au milieu du magasin, il y a sur de gigantesques ressorts
deux chevaux de bois, de ducasse. J'attends impatient l'instant
magique de pouvoir grimper sur l'un des deux, puis enfin dans un
muet-hennissement-hurlant de joie, nous accomplissons, le cheval et
moi, un saut vertigineux, dans un balancement nous pourfendons alors
l'immobilité. Suis-je déjà chevalier bleu d'Icelle en quête de
l'Excalibur et du Graal de La Grande Picardie Mentale ? Ivar
Ch'Vavar me fait-il, au travers des brumes grises picardes, des
signes de ralliement du haut du phare de Berck ?
Autre
je, vieille carte du jadis, ancien je téléphonique. Autre forfait,
jeu te parle mais ne peux contrôler le compte des unités, je peux
entendre ta voix. Autres unités de compte, déjà, à décompter du
je de mon abonnement. Une absence...
...absence.
Désirer
réellement te parler... Je n'ai... éphémère.... que le son de ta
voix. Et une petite photo du format de celles pour les cartes
d'identité... Autres 'je' téléphoniques et informatiques. Langages
à s'inventer. Absence pareille à l'ultime certitude du canari :
'le japon est encore bien loin'. Il n'y a pas de vaisselle sans eau !
Pas d'eau sans Amour ! Pas d'Amour sans pain. Tiens ! À
propos d'eau et de vaisselle : Etan la la la lave
exclusivement ses vaisselles au jus de fruit. Il ne se nourrit pas encore
uniquement... d'eau de vaisselle, mais il y pensait de plus en plus
souvent. Puis, je désire la célébration translucide de nos mains
sur la conjugaison-blues de nos peaux.
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